Pourquoi la disparition des abeilles menace notre sécurité alimentaire

Les apiculteurs et les amis des abeilles sont de plus en plus soucieux du sort de ces insectes, qui non seulement nous régalent de leur miel, aux bienfaits innombrables, mais qui en plus assurent la pollinisation des arbres et des plantes.

Une inquiétude bien justifiée : la disparition des abeilles est une réelle menace pour notre sécurité alimentaire.

Le sort des abeilles : des chiffres alarmants

Voici quelques chiffres pour vous donner une idée du sort des abeilles qui vivent sur le continent européen :

- en moins de 10 ans : près de 40 %  des colonies d’abeilles ont été décimées. Les pays les plus touchés sont : la France, l’Italie l’Allemagne et l’Angleterre. 

- 9,2 % des abeilles risquent carrément la disparition. Une alarme signalée par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). 

- il y a trente ans, en France, la récolte de miel atteignait les 33.000 tonnes, contre les 12.000 et 14.000 tonnes, enregistrées actuellement. 

Quelles menaces pour les abeilles ?

- Les pesticides : interdits pour leur nocivité, ensuite autorisés de nouveau jusqu’en 2023 (par dérogation), pour permettre aux producteurs de betteraves sucrières de lutter contre un virus très grave qui menace 80 % de leur récolte: la jaunisse. Or, parallèlement, ces pesticides ralentissent le développement des abeilles, affaiblissent leurs défenses immunitaires, leur font perdre le sens de l’orientation, etc. Pire encore, une abeille qui butine une fleur déjà traitée aux pesticides, meurt généralement avant même d’atteindre sa ruche.  

- Le frelon asiatique, ce parasite apparu dans les années 2000 est capable à lui seul de tuer des ruches entières. Une atrocité qu’il transmet au frelon européen.

- Changements climatiques : il est vrai que la production du nectar exige chaleur et humidité, mais au-delà de 30°, les fleurs peinent à en produire.

- Autres facteurs : développement de la monoculture, urbanisation croissante, feux de forêt, etc.

Qu’en est-il de notre sécurité alimentaire ?

Pour réaliser la gravité de la disparition des abeilles, il faut savoir que la pollinisation des plantes dépend en grande partie d’insectes, tels que les apis :

- À l’échelle mondiale : 75 % de la production mondiale de nourriture (légumes, fruits, café, noix…).

- À l’échelle européenne :

o 84 % des espèces cultivées 

o 78 % des espèces de fleurs sauvages sont pollinisées en grande partie par les insectes. 

o 15 milliards d’euros de la production agricole annuelle.

En l’absence des abeilles, la pollinisation sera assurée par le vent dont l’effet est limité au blé, maïs et riz : un régime alimentaire peu équilibré auquel font défaut les vitamines A et E contenues dans des plantes que seuls les insectes peuvent polliniser.

Que faire ?

Lors du Congrès européen de l’apiculture, des mesures sont prises :

- supprimer les pesticides

- privilégier les plantes mellifères

- augmenter les infrastructures agroécologiques 

- créer plus d’espaces floraux dans les villes.

En Californie, depuis 2017, des drones pollinisent les plantes : 16 hectares / heure, 24/24. C'est ce qui a permis par exemple d’augmenter la pollinisation des cerises et des amandes (25-60 %.)