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L'apiculture en février: notre guide complet

L'apiculture en février: notre guide complet

Février marque la fin de l’hiver, une période cruciale pour la survie des colonies d’abeilles. À ce stade, les réserves de nourriture diminuent, le froid reste intense, et les premières éclosions de couvain nécessitent une vigilance accrue de la part de l’apiculteur. Toute intervention inappropriée peut avoir des conséquences graves, car le simple fait d’ouvrir une ruche par des températures trop basses peut provoquer un refroidissement du couvain, compromettant ainsi le développement de la colonie.

L’objectif en février est donc d’observer sans perturber, de s’assurer que les abeilles disposent de ressources suffisantes et de préparer le rucher à la transition vers le printemps. Une attention particulière doit être portée à la météo, aux signaux extérieurs donnés par la colonie et aux risques sanitaires.

Observer les ruches sans perturber la colonie

Pourquoi observer les ruches en hiver ?

L'observation extérieure des ruches est essentielle pour évaluer l’état de la colonie sans risquer de la refroidir. L’apiculteur doit veiller à :

Surveiller l’activité à la planche d’envol :

  • Une activité modérée lors des journées ensoleillées et douces est un bon signe.
  • Un silence absolu peut être inquiétant (colonie morte ou très affaiblie).
  • Un nombre élevé de cadavres devant l’entrée peut indiquer une mortalité excessive.

Vérifier la propreté des abords de la ruche :

  • Présence de déchets de cire = preuve d’une activité interne et d’un début de reprise du couvain.
  • Déjections brunes sur la ruche ou aux alentours = signe de nosémose (maladie digestive liée à l’humidité et au miellat).

Éviter d’ouvrir la ruche :

  • En hiver, le cluster d’abeilles reste compact pour conserver la chaleur.
  • Une ouverture pourrait entraîner une perte de chaleur et nuire au développement du couvain.
  • Se limiter à une inspection extérieure et à une évaluation du poids des ruches.

Vérification des conditions extérieures

En plus de l’état de la colonie, il est crucial de surveiller l’environnement immédiat des ruches :

Inspecter la solidité des ruches après les intempéries :

  • Vérifier que les toits sont bien en place et n’ont pas été déplacés par le vent.
  • Contrôler l’absence d’infiltration d’eau ou d’humidité à l’intérieur.
  • Déneiger les entrées en cas de chute de neige pour éviter l’obstruction.

Assurer une bonne aération pour limiter l’humidité :

  • Une ruche trop humide favorise les maladies (nosémose, moisissures).
  • Veiller à ce que les trous d’aération ne soient pas obstrués.
  • Surélever légèrement la ruche pour permettre l’évacuation de l’humidité.

Contrôler la présence de prédateurs :

  • Oiseaux (mésanges, pics-verts) : ils peuvent attaquer les ruches en hiver pour se nourrir des abeilles.
  • Rongeurs (souris, mulots) : ils cherchent un abri et peuvent endommager les cadres en rongeant la cire.
  • Frelons asiatiques : les reines fondatrices peuvent hiverner près du rucher, il est donc recommandé de poser des pièges pour limiter leur prolifération au printemps.

L’ensemble de ces observations permet d’anticiper les besoins de la colonie et d’intervenir au moment opportun sans perturber l’équilibre thermique de la ruche. Février est un mois où la patience et l’observation sont les meilleurs alliés de l’apiculteur.

Nourrir les abeilles si nécessaire

Février est une période critique pour les réserves de la colonie. Après plusieurs mois d’hivernage, les provisions de miel peuvent s’épuiser alors que les températures restent basses, empêchant les abeilles de sortir pour butiner. Une surveillance attentive est donc essentielle pour éviter les cas de famine.

Évaluer les réserves de miel

Une colonie consomme en moyenne 500 g à 1 kg de miel par mois en hiver. L’apiculteur doit donc estimer si les stocks sont suffisants pour tenir jusqu’aux premières miellées printanières.

Peser la ruche à l'aide d'un peson :

  • Si la ruche semble lourde, les réserves sont encore suffisantes.
  • Si elle est légère, un apport de nourriture est nécessaire.

Observer le comportement des abeilles :

  • Une activité anormalement faible peut indiquer un manque de ressources.
  • Une ruche vide d’abeilles ou avec un amas d’abeilles mortes est un signe de famine tardive.

Si la colonie manque de provisions, un nourrissement d’appoint au candi est recommandé.

Le choix du nourrissement

Lorsqu’une intervention est nécessaire, il est important d’utiliser une nourriture adaptée aux besoins des abeilles en hiver.

Le candi :

  • Il est privilégié en cette saison car il ne nécessite pas d’humidité pour être consommé.
  • Il est placé directement au-dessus du trou du couvre-cadres ou sous le toit de la ruche.
  • Il peut être standard ou protéiné (pour soutenir le développement du couvain).

Le sirop :

  • Déconseillé en hiver, car il est trop liquide et risque d’augmenter l’humidité dans la ruche.
  • Il sollicite davantage les abeilles pour l’assimilation, ce qui peut affaiblir la colonie.
  • Dans certaines conditions, notamment lorsque les températures commencent à s'élever, un apport de sirop chaud peut stimuler la reprise de la ponte par la reine.

Un apport de candi permet ainsi de maintenir les abeilles en bonne santé sans perturber leur cycle hivernal.

Gérer l’environnement des ruches

Un environnement bien entretenu est essentiel pour assurer la santé des colonies d’abeilles tout au long de l’hiver et préparer le rucher à la saison à venir. Février est le moment idéal pour nettoyer et organiser les abords des ruches sans perturber la colonie.

Nettoyage et entretien du rucher

L’accumulation de débris autour des ruches peut favoriser l’humidité et attirer des prédateurs ou des nuisibles. Il est donc recommandé de :

Vérifier l’entrée de la ruche :

  • La neige, la cire accumulée ou des cadavres d’abeilles peuvent obstruer l’entrée et gêner la ventilation de la ruche.
  • Il suffit d’un léger coup de pinceau ou de grattoir pour libérer l’entrée sans trop perturber la colonie.

Installer un abreuvoir pour préparer la reprise printanière :

  • Dès les premiers redoux, les abeilles ont besoin d’eau pour diluer le miel et nourrir le couvain.
  • Un abreuvoir propre, rempli d’eau tiède si nécessaire, doit être placé près du rucher pour éviter que les abeilles aillent chercher de l’eau ailleurs, notamment dans des sources polluées.
  • Ajouter des flotteurs (mousse, bouchons de liège, pierres) pour éviter que les abeilles ne se noient.

Piéger les reines fondatrices de frelons asiatiques

Le frelon asiatique (Vespa velutina) représente une menace majeure pour les colonies d’abeilles. Un piégeage précoce, dès février, peut considérablement réduire leur impact au printemps en empêchant la formation de nouveaux nids.

Pourquoi piéger dès février ?

Les reines fondatrices sortent d’hibernation entre février et mars :

  • À cette période, elles cherchent à se nourrir et à fonder de nouvelles colonies.
  • Un piégeage efficace permet de capturer ces reines avant qu’elles ne pondent, empêchant ainsi l’installation de nids secondaires plus tard dans la saison.

Un seul nid peut produire plusieurs centaines de frelons :

  • Agir tôt permet de réduire significativement la pression sur les ruches en été.
  • Moins de nids actifs = moins d’attaques contre les abeilles.

Comment et où installer les pièges ?

Pour éviter de capturer d’autres insectes bénéfiques, il est important d’utiliser des pièges sélectifs et de les positionner de manière stratégique.

Quel type de piège choisir ?

  • Des pièges à entrée sélective pour limiter la capture d’autres pollinisateurs.
  • Des modèles avec un diamètre d’entrée adapté aux frelons asiatiques (6 à 8 mm).

Où placer les pièges ?

  • Proche du rucher, mais en évitant de les coller directement aux ruches.
  • À proximité des haies, des arbres en floraison précoce et des points d’eau où les frelons viennent se désaltérer.

Recette d’appât efficace :

  • Bière brune (attire les frelons).
  • Sirop de fruit rouge (ex : grenadine, cassis).
  • Vin blanc (repousse les abeilles et autres pollinisateurs).
  • Mélanger ces ingrédients et les verser dans le fond du piège.

Un suivi régulier des pièges est nécessaire pour les vider et éviter qu’ils ne deviennent des points d’attraction pour d’autres insectes.

Nettoyer, réparer et désinfecter le matériel

Avant la reprise d’activité, février est le mois idéal pour entretenir et préparer le matériel apicole. Un bon nettoyage évite les contaminations et prolonge la durée de vie des équipements.

Réparation et entretien des équipements

L’hiver peut endommager certains éléments du rucher, et il est important de vérifier leur état avant le redémarrage des colonies.

  • Vérifier les fissures ou l’usure des éléments en bois.
  • Remplacer les éléments dégradés pour éviter les infiltrations d’eau et les pertes de chaleur.
  • Vérifier les entrées des ruches pour s’assurer qu’elles ne sont pas obstruées.

Désinfection du matériel

La désinfection des ruches et des outils est essentielle pour prévenir les maladies et assurer une saison saine pour les abeilles.

Brûler les cadres anciens ou contaminés :

  • Les cadres noirs ou présentant des signes de moisissure doivent être remplacés.
  • En cas de suspicion de maladie, ne pas réutiliser la cire et la détruire.

Désinfecter les ruches vides :

  • Passer un coup de chalumeau sur l’intérieur des ruches en bois pour éliminer les bactéries et parasites.
  • Utiliser un désinfectant apicole homologué pour nettoyer les ruches en matériaux synthétiques.

Nettoyer les grilles à reine et les nourrisseurs :

  • Brosser les grilles à reine pour enlever les dépôts de propolis.
  • Désinfecter les nourrisseurs avec une solution d’eau chaude et de vinaigre blanc avant de les remettre en service.

Un matériel propre et fonctionnel est la clé d’une bonne gestion du rucher et d’un démarrage de saison sans problème sanitaire.

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